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21 avril 2018 6 21 /04 /avril /2018 12:27

Dans votre esprit imaginaire les choses n'avaient pas tellement changé. Vous étiez là où vous arriviez souvent, où vous arriviez toujours. Je ne vous tenais pas la main et marchais derrière vous. Vous étiez sur cette place nue, sur cette place immense ; je n'avais rien à faire il n'y avait rien à voir. Vous répétiez un texte que vous aviez écrit, vous reviviez une vie que vous aviez vécue.

Il me fallait oser vous dire quelque chose. Mais je savais pourtant que mieux, bien mieux que moi, vous voyiez sans rien voir votre désert rêvé.

Nous étions sur la place qui n'avait pas de fin, dans cette ville plane aux avenues si longues. Cette ville grouillait, il n'y avait personne. Je vous l'expliquais mal, vous saviez mieux que moi. Le ciel n'était ni bleu, le ciel n'était ni gris. De ce blanc écrasant qui ne fait pas de bruit. Vous avanciez si vite, je vous suivais si mal. Vous ne pouviez pas voir, vous aviez déjà vu. Les façades de pierre que nous longions sans fin. Les hauts murs aveugles de musées mystérieux visités par des ombres. Vous saviez mieux que moi les grands couloirs sombres, les hautes salles obscures de ces musées sans nom. Nous n’y entrions pas vous vouliez que je dise, moi qui n'avais pas vu à vous qui saviez tout.

Ma tâche était ardue je ne savais que dire. Ma tâche était facile je n'avais qu'à parler. En silences allongés je vous faisais comprendre votre ville éternelle, votre désert lent. Avions-nous progressé et avions-nous seulement quitté la place morne ? Quel train était venu nous abandonner là ? Dans quelle cathédrale nous avait-il laissés ? Vaine gare de pierre, de fer et de vapeur aux trains se déversant de petits hommes en noir, aux longs  trains immobiles qui ne partaient jamais. Grande gare affairée et qui n'existait pas.

Je vous suivais encore. Vous n'aviez pas besoin de moi pour sentir l'océan. On ne le voyait pas, ne le voyait jamais. Vous vouliez encore que j'en parle pourtant. Encore une fois ici vous voyiez mieux que moi. Peut-être timidement pouvais-je vous parler de ce jeune marin adossé à un mur en attendant la mer.

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Published by herveig

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