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3 août 2023 4 03 /08 /août /2023 15:40
Il pleuvait et on avait froid.
Mais quand même on entrouvrait les fenêtres. Il avait fait chaud quelques jours plus tôt et les intérieurs en avaient souvenir. Les gouttes de la pluie qui veut s'arrêter tombaient sur les rambardes, battaient les feuilles d'arbres, tapotaient le bitume de la rue endormie. Puis la pluie reprenait, ne finissait jamais. Et le vent qui bougeait les rideaux par l'entrebâillement signifiait une sorte d'automne qui ne doutait de rien. La pluie accélérait, les gouttes venaient en bataillon empêcher de sortir sur le balcon luisant. Ce n'était pas désagréable pourtant, on frissonnait un peu, on y sortait quand même, voir Paris incrédule qui restait à l'abri. Passait un parapluie se hâtant dans la nuit. On ne pouvait pas croire que ce Paris trempé était vidé par les grandes vacances, que quelque part sans doute un soleil luisait, donnait une chaleur. Encore un nouveau rythme pour l'eau qui s'écoulait, une gouttière trop pleine lâchant d'un coup sa charge sur un coin de terrasse. Les gouttes proches étaient intimes qui clapotaient à portée de la main. Et puis plus loin le bruit de l'averse longue assiégeait toute la ville aussi loin que l'oreille pouvait entendre.
C'était joli et bête, on se tenait au chaud on se tenait au sec. Et respirant l'air frais et l'odeur de la terre, sentant une gouttelette éclabousser la peau, on fermait la fenêtre, on tirait le rideau. On glissait dans ses draps en remontant le plaid. Et on souriait au fond en feignant de se dire qu'on avait mal compris, qu'il y avait méprise, qu'il ne pouvait s'agir du soir d'un premier août.
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22 mars 2020 7 22 /03 /mars /2020 12:13

C'était dans une rue étroite. On voyait le ciel bleu en une bande fine. Les murs de part et d'autre étaient aveugles ou presque, rouges de briques, gris d’escaliers de métal. Caricature de quelque chose qui ressemble à l’Amérique.

C'était l'air frais du début de printemps. L'odeur sure des poubelles qui s'entassaient dans des containers trop pleins.

C'était un peu beau quand même. Assis sur un pas de porte oublié, on regardait la ruelle s’effiler, on avait la ligne du ciel pour projet.

C'était un matin c'était une fin de mars. La ville était au bout de la ruelle, derrière les poubelles trop pleines. Un rat tranquille traversa le passage. Il y eut un oiseau au-dessus des murailles.

Assis sur la marche, devant cette porte de derrière, on rêvait de marcher dans la rue, on rêvait d'aller jusqu'au trottoir de l'avenue, au-delà des poubelles, là où le rat avait disparu. 

Mais on ne le pouvait pas. Ce qu'un petit rat avait fait, cela était à l'homme interdit.

Assis sur la marche, le cul endolori, l'homme ne pouvait que songer.

 

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21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 18:23

Et tout redécouvrir dans l'air frêle d'un matin. Revoir les jours longs arriver un à un. Et s'asseoir dans un champ étoilé de jonquilles. Croire sans trop y croire que l'année qui arrive est pleine de meilleur. Se laisser abuser par un soleil qui brille. Sourire béatement en entendant le merle. S'imaginer naïf que le chant des oiseaux ne s'adresse qu'à soi. Entendre sonner Pâques et chercher au jardin, enfant redevenu, les chocolats perdus. Humer les primevères, compter les pâquerettes à cette heure indécise tout juste avant midi. Et se sentir fragile et se croire encore beau. Et avancer sa montre et reculer le soir. Prendre un verre en terrasse dans la lumière qui dure. Avoir déjà trop bu même s'il fait encore jour. Voir avril lentement aller se fondre en mai. Rester sous les étoiles d'un ciel toujours plus clair.

Et aujourd'hui enfin dans la chaleur qui monte, remarquer dans le ciel le vol d'une hirondelle. Et à ce vol zébré, à ces cris répétés, savoir que tout, toujours, tout peut recommencer.

 

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Published by herveig
29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 23:01

Il était assis et il regardait. Sa convoitise se lisait dans ses beaux yeux bruns. Ce devait être un samedi soir car le temps n'importait pas. Il était assis depuis une heure peut-être. De sorte que l'après-midi s'était muée en soir, que la tasse à café devant lui était devenue incongrue. C'était l'heure où la bière prenait possession des terrasses et il était là, assis derrière une tasse vide et sèche, à regarder. Il respirait l'air tiède du printemps fragile, celui d'avril qui essaie d'être mai. C'était un air de recommencement qui se chantait là. Et les verres tintaient aux tables voisines de la sienne. Les éclats de rire commençaient à naître des premiers verres vidés, de la soirée qui s'annonçait. Il était assis et il regardait. Il regardait passer les gens sur le trottoir. Il écoutait les voix sans qu'elles aient d'importance. Il voyait les visages ne les connaissait pas. Il était parmi eux et il n'était pas eux. Il se sentait le vent qui passait par ici en s'en foutant un peu.

C'était souvent la même musique qu’il avait aux oreilles. Ce petit air d'ailleurs en plein milieu d'ici. Et ses beaux yeux noirs attendaient qu’advienne le moment, qu'advienne le moment.

Ça bougeait tout autour, les tables se remplissaient et les verres se vidaient. Et sa tasse à café qui se faisait intruse. Et lui taiseux et seul se faisait insulaire. Cerné par les marées des gens et de la vie il restait dur et sec. Et ses yeux étaient pleins de calme et de tristesse. C'était un bien beau soir où planter ses yeux noirs.

Il le vit arriver celui qu’il attendait. Et à ses beaux yeux noirs d'autres yeux s'attachèrent. Ce n'était plus pareil et la tasse à café avait quitté la table.

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Published by herveig
15 février 2020 6 15 /02 /février /2020 22:08

Il y aurait un vent sec et triste, incessant et plat.
Les monts s’aplatiraient le long de vallées supposées.
De gris et de brun pâle, la vue serait remplie.
L’horizon tirerait son trait, droit comme une mathématique.
Ce serait un pays où la vie serait tue.
Ce serait un jardin où les arbres sont nus.
Ce serait un hiver brûlant comme juillet.
Ce serait un aplat aux formes mal assurées.
Le jour se lèverait dans une lumière basse. Et jamais le soleil ne vaincrait les nuages. Le ciel resterait blanc. Menaçant, ennuyeux comme un dimanche seul.
Et on voudrait se perdre, on ne le pourrait pas. L’étendue infinie empêche les erreurs. Pourtant, on errerait sur cette glaise sèche. Le silence serait dur quand le vent se tairait.
Ce serait un désert ce serait une attente. Le soir avant l’orage qui ne veut pas venir. Et on serait avide d’un souffle d’air humide que l’on croirait sentir à force d’espérer.
Comme le temps serait long à ne vouloir passer. On s’assiérait peut-être sur une rare pierre. Et on verrait son âme à force de ne rien voir.
Et on inspirerait cet air sans odeur.
On se prendrait sans doute à croire à ce mirage.
Et les yeux vers le large on atteindrait la mer. On sourirait un peu, les deux pieds dans le sable. On ne bougerait plus craignant que ça s’arrête. Assis sur une pierre on aurait vu la mer. L’aurait-on vue en vrai, serait-ce une chimère ? La nuit arriverait, on se relève et part.

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8 février 2020 6 08 /02 /février /2020 21:59

Et il me faut des monstres. Des vides intérieurs. Des corps glacés et nus qui grouillent dans le noir. Je veux des cathédrales dans des cieux dérangés. Je veux du feu qui grogne, je veux de la terreur. Je saurai que c’est là quand tout sera couvert d’un lent tapis de lave qui engluera la terre. Il me faudra des monstres surgis de ma mémoire. Des êtres infâmes et laids que je ne veux pas voir. Et ce sera obscur, crépuscule éternel, il y aura du sang aux murs des villes mortes. Ce sera sombre et beau ce sera maléfique. Ce sera absolu comme un éclair seul. Et il pleuvra enfin une pluie lourde et chaude. Les eaux ruissèleront sur la pierre stérile. Et il faudra qu’il sorte de l’obscur de mes rêves. Il faudra qu’il soit beau, Il faudra qu’il soit dur. Dans ses yeux noirs je verrai ce que je ne veux voir. Et je verrai l’effroi ainsi que le désir. Ce sera indicible, insupportable et tendre. Et il avancera comme une marée d’huile, impérial et cruel dans le feu et les cendres. La ville s’écroulera ou ce qu’il en restait. Je brûlerai de froid dans mon corps déchiré. Le bruit de l’incendie bourdonne à mes oreilles. Je suis sourd, je suis fou et j’aperçois son ombre. Il faut qu’il vienne à moi, il faut qu’il se dérobe. Et je tendrai mes mains et je tendrai mes bras. On verra mon corps pâle qui cisaille la nuit. Et le feu cessera dans une braise rouge. La nuit s’assombrira dans la pluie qui redouble. Il aura disparu dans ma mémoire malade. Mes yeux verront le noir et j’aurai mal et faim. Il me faudra des monstres pour peupler mon chagrin. Je serai là vaincu criant que l’on me tue. Et rien ne me répond, je suis seul et attends.

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 22:47

Nothing else than me. It’s a time of fog and rain. The weather on my soul is raining, is crying. Hopefully nobody will understand me. My words are nonsense. My heart is breaking, I think. But I'm not sure. What do they say those who are listening to me ? Do they hear the trouble in my brain ? I don't know what all that means. Does that mean anything ? Autumn is dying. Winter is coming. I'm freezing. I miss the right word. I don't have the right word. It's not my mother tongue. My mouth remains open and nothing is getting out. I'm deep alone in my mind. Wondering if it’s worth it. Should I forget the word ? And let the language die. Just me and the world. No need to give it a name. No need to write no need to speak. I would face the reality. I would be a naked child. Nothing but my eyes would see. Nothing but me would be.

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Published by herveig
8 octobre 2019 2 08 /10 /octobre /2019 22:34

Il

L'immensité, le sombre, se conjuguent et se mêlent.

La statue blanche et vierge s’effondre / se fracasse, n’est plus qu’une poussière.

L’ange se fracture les ailes et entrevoit le Mal.

La piété s’est enfuie dans les cierges qui fondent.

Il avance dans la nef immobile.

Et s’épanche le sang. Ses pas de traînées rouges ont orné le dallage.

Le sol se fend. Procession insondable, Il avance et grandit.

Il ne veut s'arrêter de marcher lentement.

Ses épaules s’élèvent et vont frôler le dôme.

C'est une cathédrale de lave et de fusion.

C'est un lieu saint et mort comme la religion.

Il pleut du plomb qui bout. Son âme est noire de suie.

De Ses mains magnifiques et dans Ses longs doigts pâles Il enserre les piliers.

Et les hautes colonnes sont frêles et innombrables.

Tout l'édifice tremble sous Son pas de zombie.

Ses yeux voient bien plus loin qu'ici.

Quel est ce temple qu’Il bâtit et détruit.

Dans un craquèlement, les murs affolés s’écroulent et se relèvent.

C’est une symphonie erratique insensée.

Il est dément et calme qui mène un tel bal.

La nuit profonde et belle se lève sur le monde.

Et Il atteint le chœur dans un vacarme sourd de dalles effondrées.

Il est encore plus grand, Il a franchi la voûte.

Ses yeux ont vu la mort dans ses dentelles de jais.

Sa peau blanche et Ses yeux de ténèbres cherchent à toucher les cieux.

C'est une danse lente qui terrifie et charme.

Ces murs d'église étiques et la nuit silencieuse ont pactisé ce soir, la voûte a explosé sous le ciel vorace.

Il a scellé les noces de Son bras péremptoire.

Les orgues hypnotiques entonnent infernales une musique sacrée.

Il est beau Il a mal Il est repu pourtant.

Dans Ses doigts délicats s’effrite ce qu’il reste de soufre.

Il a dans Sa poignée écrasé les squelettes.

Et Il sourit, gracieux, en repoussant l’autel, en scindant le retable.

 

Que Lui faut-il encore pour apaiser Son ire ?

C’est un Roi sans couronne qui dilate sa haine d’une caresse tendre sur Son château de ruines.

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24 août 2019 6 24 /08 /août /2019 23:18

L'Auvergne ne disait rien. Et l’eau de la Senouire coulait à petits pas. La musique s'élevait dans la cour du moulin. Les sapins mystérieux gravissaient la montagne et devant eux, en bas, bougeaient les musiciens. Le vert impitoyable qui cernait la vallée se faisait contredire par les cuivres et les voix. Et je me trouvais là, mi-Auvergne mi-joyeux. C'était un samedi d'août, c'était l'été encore. Il y avait les amis, il y avait la famille. On était tous ensemble, on ne demandait rien. L’Auvergne était sévère. Mais la musique pourtant ne voulait pas se taire. Et le soleil brûlant disait qu'on était bien.

Lentement le soleil brûlait un peu moins fort. Il arrivait tout doux en fin d'après-midi. Et celle-ci commençait à ressembler au soir. Les musiciens donnaient encore un deux ou trois morceaux. L'ombre montait sans bruit dans le ciel toujours bleu. C'était une fin d'été qui nous allait si bien. On s'était tant parlé depuis la matinée, il ne nous restait plus qu'à être amis sans mots. On ne disait plus rien ou juste ce qu'il fallait. Et on dansait je crois et on souriait de tout. C'était là une fête où on a envie d'être. Et c'est là qu'on était : dans la cour du moulin, on s'était reconnus,

Et c’était un peu comme si l'été grâce à nous allait recommencer.

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21 juillet 2019 7 21 /07 /juillet /2019 19:11

Sa peau m'a convaincu de la douceur des jours. À ses yeux noirs j'ai cru à la beauté du monde.

C'était l'amour, et l'instant passa.

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