Dans le musée imaginaire, une vieille histoire de France, où le bleu vert des mers enfouit d’héroïques épaves sur des cartes passées.
Dans le musée imaginaire, une poussière d'ennui, de vacances trop longues derrière une fenêtre, à regarder passer des funérailles mornes.
Dans le musée imaginaire, des journées qui s'achèvent en un chocolat chaud, il fait froid, il fait nuit à quatre heures et demie.
Dans le musée imaginaire, une photo laissée, l'amour qui naît dans le désordre. Une caresse appuyée, un baiser sans en avoir envie.
Dans le musée imaginaire, un bouquet de jonquilles coupées trop court pour le vase trop long ; tant pis, il y en a tant d'autres.
Dans le musée imaginaire, regarde passer les ombres au plafond de la chambre, entends sonner les heures croissantes du soir, écoute le clocher t’empêcher de dormir.
Dans le musée imaginaire, goûte une pomme acide cueillie trop tôt un matin du mois d'août.
Dans le musée imaginaire, écoute les grillons, se taire quand tu approches, élève ton regard vers l'étoile polaire. Les grillons ont repris leur stridulement ; ce soir encore, tu ne trouveras pas la Petite Ourse.
Dans le musée imaginaire, vieillis un peu et sens sous tes doigts la barbe d'un garçon alors que tu tâtonnes. Embrasse-le, aie peur. Sens ta nuque qui déferle dans ton dos qui se creuse.
Dans le musée imaginaire, tous les ailleurs possibles et les rêveries longues.
Dans le musée imaginaire, aperçois une gare où ne passent plus les trains. Regarde aussi des trains qui ne s'arrêtent plus, en comptant sur tes doigts les petits grains serrés du temps qui ne t'appartient pas.
Dans le musée imaginaire, perds ton regard dans l’œil d’un réverbère qui se dresse entre terre et ciel, qui s'allume entre chien et loup.
Dans le musée imaginaire, ouvert dimanche toute la journée, et plus encore ouvert le soir. A l'heure des chiens, à l'heure des loups.
Ouvert à l'heure des réverbères.