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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 20:19

Dans le musée imaginaire, une vieille histoire de France, où le bleu vert des mers enfouit d’héroïques épaves sur des cartes passées.

Dans le musée imaginaire, une poussière d'ennui, de vacances trop longues derrière une fenêtre, à regarder passer des funérailles mornes.

Dans le musée imaginaire, des journées qui s'achèvent en un chocolat chaud, il fait froid, il fait nuit à quatre heures et demie.

Dans le musée imaginaire, une photo laissée, l'amour qui naît dans le désordre. Une caresse appuyée, un baiser sans en avoir envie.

Dans le musée imaginaire, un bouquet de jonquilles coupées trop court pour le vase trop long ; tant pis, il y en a tant d'autres.

Dans le musée imaginaire, regarde passer les ombres au plafond de la chambre, entends sonner les heures croissantes du soir, écoute le clocher t’empêcher de dormir.

Dans le musée imaginaire, goûte une pomme acide cueillie trop tôt un matin du mois d'août.

Dans le musée imaginaire, écoute les grillons, se taire quand tu approches, élève ton regard vers l'étoile polaire. Les grillons ont repris leur stridulement ; ce soir encore, tu ne trouveras pas la Petite Ourse.

Dans le musée imaginaire, vieillis un peu et sens sous tes doigts la barbe d'un garçon alors que tu tâtonnes. Embrasse-le, aie peur. Sens ta nuque qui déferle dans ton dos qui se creuse.

Dans le musée imaginaire, tous les ailleurs possibles et les rêveries longues.

Dans le musée imaginaire, aperçois une gare où ne passent plus les trains. Regarde aussi des trains qui ne s'arrêtent plus, en comptant sur tes doigts les petits grains serrés du temps qui ne t'appartient pas.

Dans le musée imaginaire, perds ton regard dans l’œil d’un réverbère qui se dresse entre terre et ciel, qui s'allume entre chien et loup.

Dans le musée imaginaire, ouvert dimanche toute la journée, et plus encore ouvert le soir. A l'heure des chiens, à l'heure des loups.

Ouvert à l'heure des réverbères.

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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 21:01

Je garde dans la tête la même mélodie.

Et j'arrive à Paris, je m'en vais voir la Seine. Je m'en vais boire, je m'en vais essayer de croire.

Tout tourne autour de moi la mélodie résonne.

Et je quitte Paris, la Seine m'a dit non. Elle me tourne le dos, s'est couchée de côté. La Seine m'a dit non, s'est remise à couler. Je l'ai vue disparaître, je l'ai vue, je l'ai vue. Alors je n'ai plus pu, alors je n'ai plus su.

Tout tournait dans ma tête en un rond décalé. En un rond décalé qui tanguait, je tanguais. Je tanguais, je tombais, je suais, je m'effondrais.

Je gardais dans la tête la mélodie qui tonne.

Et j'ai repris Paris en quatorze juillet. Et je l'ai reconquise à pas mal assurés. J’ai couru à la Seine qui ne m'attendait plus. J’ai tapé de mon poing sur son dos sale et terne.

Et la Seine m'a cru.

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Published by herveig
5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 01:39

Quelqu'un est brun et sombre et n'a pas quarante ans. Quelqu'un est si tranquille quand il me regarde. Quand je suis si tendu rien qu'en pensant à lui.

Quelqu'un déjà perd un peu ses cheveux mais sa barbe est si noire. Quelqu'un se dégarnit mais on ne le voit pas. On ne voit que ses yeux et on ne voit plus rien.

Quelqu'un dans son regard vous subjugue et vous blesse.

Quelqu'un dans son regard vous porte et vous transperce.

Et je suis attablé au bord de la rivière. Et j'attends que quelqu'un ait fini sa journée. Je ne vois pas passer ni le temps ni le flot. Je suis assis ici, sur des lattes trop rares qui me font mal aux fesses.

Je suis assis ici, je suis assis ailleurs. Mes yeux sont dans le vague, dans les yeux de quelqu'un.

Quelqu'un est mon collègue, quelqu'un est mon ami. Les arbres sur la terrasse frémissent sous le vent. J'ai commandé un verre et je l'ai bu trop vite.

Le soir d'été chavire
En douce.
J'attends que les minutes
Avancent.

Et je sais que quelqu'un à côté, au bureau, est paisible et certain.

Et je sais sa voix grave et les gestes assurés de ses avant-bras nus.

Pour lui l'heure viendra de venir me rejoindre. Il le sait, il la laisse, ne presse pas les choses.

Et pour moi, l'intranquille, l'heure ne veut pas venir. Et quand elle va venir j'aurai peur qu'elle s'en aille.

Quelqu'un m'a dit un jour qu'il n'y avait rien de grave. Quelqu'un un jour a ri de me voir hésiter. Quelqu'un un jour m'a dit que j'étais son ami.

La terrasse du bar au bord de la rivière est devenue bruyante. La semaine est finie c'est l'heure de ne rien faire…

L'odeur des cigarettes monte rêveusement. Et lentement je happe la mousse de la bière. C'est mon deuxième verre, le premier que je goûte. Et ma main dans ma barbe me rappelle que j'existe. Et j'écris quelques lignes sur mon cahier usé, où je pense aux vacances, à l’été et au soir.

C’est l’heure des hirondelles en vol désordonné, qui hachurent le ciel du tranchant de leurs cris.

Et c’est l’heure arrêtée. Les minutes ici ont cessé de passer. Quelqu’un là-bas, enfin, a fini sa journée.

Je prends l’air de celui qui n’a pas attendu.
Je prends l’air de celui qui pense à autre chose.
Et j’ose prendre l’air de celui qu’on surprend.

Je vois dans les yeux noirs de quelqu’un qui s’avance
Qu’il fait semblant d’y croire.

J’ai arrêté de feindre quand j’ai dit à quelqu’un « content que tu sois là »
Et quelqu’un s’est assis, a souri sans répondre.

Sous mes fesses toujours, des lattes trop distantes.
Et dans ma main, encore, mon deuxième demi.
Les hirondelles folles ignorent mon inquiétude.
Et les platanes bruissent sous le vent indolent.
Dans le grand jour, encore.

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30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 23:25

Samedi 30 mai les cuillers tintent en terrasse… 2015.

Les outils du grand-père sont entreposés là ; 1939. Abandonnés par la guerre.

Casimir me regarde. Peluche orange. Orange, orange, orange, et c’est 1976.

Un petit coup de pinard sur le zinc. 1953, peut-être 54, je ne sais plus, c'est les Halles en tout cas.

« Allez, c'est les fleurs, allez-y. » C’est 2015 et ce fut 1900.

On gonfle les prix. C'est éternel.

Mauvais œil c'est 14, c’est 39, c’est 40. C'est passé, j'espère.

« Hep, gamins ! » 1966, noir et blanc et Charles de Gaulle. On ne dit plus ça maintenant.

La porcelaine a traversé le siècle, 1908.

Le poulet rôti 1986 sur le bord de mer. 1997 un soir devant un traiteur, j'avais faim. 2015 la semaine dernière.

Le cobra empaillé me gêne et fait sourire. En 1969 on n'avait peur de rien. Stoned, sans doute.

Et les daguerréotypes c'était quand ? 1870. Vive la République.

La mort n'a pas faim.

Y a encore de la place au Père Lachaise.

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20 avril 2015 1 20 /04 /avril /2015 01:02

Tu finis par te dire qu'il faudrait que tu partes. Tu hésites pourtant dans le long soir de mai. Le château en ruine exhibe ses briques rouges et ses fenêtres vides dans le ciel encore bleu.

Tu avances les deux poings dans les poches sans savoir où tu vas. Tu te dis, incertain, qu'il faut quitter le nid. Tes pas te mènent en douce vers la lisière du parc. Et tu vois l'horizon, les longues crêtes douces, s’enflammer et briller dans le jour qui se couche.

Tu as rêvé longtemps d'un soir comme celui-là. Tu as rêvé longtemps de ce château en ruines. Tu t'en es éloigné les deux poings dans les poches dans l'herbe humide et tendre de ce soir de printemps. Et tu sens sa présence, son ombre dans ton dos. Tu résistes à l'envie de te retourner ; tu embrasses l'horizon avec application.

Tu sais qu'il va falloir que tu prennes ton vol. Que tu dois desserrer ces griffes qui t’étouffent.

Mais ce soir tu t'en fous même si tu y penses. C’est l’heure où les arbres du parc commencent à s’assombrir. C’est l’heure où la ruine va se faire menaçante. Pourtant en cet instant en cet instant encore, à pleins poumons tu inspires et t’en fous.

***

Tu t’enfonces dans le sous-bois. L’obscurité gagne mais tu as décidé de faire le grand tour pour rentrer au château.

Un framboisier te griffe ou est-ce un roncier. Et tu suces ton doigt écorché par la ronce. Et la ronce te redit l’enfant que tu étais et qui sans faire de bruit aimait à s’arrêter au bord des chemins creux pour cueillir les framboises jusqu’à s’en dégoûter.

Correct, tu as toujours été un garçon correct. Un garçon sans un bruit. Manger les framboises même t’était une folie.

La stupeur te frappe. Il a fallu ce soir et cette griffe de ronce pour que tu t’aperçoives combien tu fus correct, à toujours t’effacer, à ne jamais te dire.

À pas de loup le jour se meurt. Et tu remarques enfin que le dernier oiseau depuis longtemps a cessé de chanter.

Il n’y a plus de bruit, ton corps seul se meut dans le bois qui s’endort. Funambule pendu au fil de maintenant, et qui n’est ni le jour et qui n’est ni la nuit.

Ce pourrait être une luciole que tu aperçois là-bas au pied d’un frêne dans l’ombre qui s’épand.

C’est un peu tôt encore, juste une tache blanche sur un lichen sombre.

Tu remontes au château et ton pas s’accélère. Tu as remis tes poings que tu serres dans tes poches. Peu t’importe qu’ils te gênent pour aller à ton rythme, tu veux te fatiguer et tu veux rétamer tes pensées qui s’emmêlent.

***

Et au détour d’un arbre,
Au bout d’une allée grise,
Les briques devenues brunes de la ruine fantôme
Apparaissent et te prennent,
Insipide garçon,
Tes deux mains dans tes poches
Et tes pensées qui frisent.

Le château immobile,
De toutes ses tours mortes
Défie le crépuscule.

***

Tu aperçois un homme, le gardien du domaine. Tu aperçois un homme, fin de tes rêveries. L’homme ferme les grilles à la nuit qui s’avance.

Et il faut que tu sortes, et il faut que tu partes.

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 16:18

Sur la côte océane, la mer s'en vient, la mer s'en va.

Les gens sont nostalgiques lorsque le sable file entre leurs doigts de pieds.

Le soleil baisse, les vagues s’ennuient et crachent encore la même éclaboussure.

Le chien est inlassable : il va, il vient, son ombre s’allonge, mais seul l’homme s’en aperçoit.

L’homme est assis dans le sable refroidi. L’horizon le rend pensif. Il recompte ses soirs de solitude.

L’amoureux marche, les chevilles dans l’eau des vagues qui s’échouent, ses chaussures à la main, son amour dans l’autre.

C’est l’heure où ce tout petit vent est venu rappeler que ce n’est pas l’été.

Le temps n’est pas venu pour les nostalgies longues et les pensées profondes. Les chevilles, de même, commencent à avoir froid.

L’homme voudrait que ça dure et se lève à regret. L’amoureux sort de l’eau et embrasse sa femme.

Et sur la plage vide les cratères de sable sont gagnés par les ombres.

L’humeur n’est bientôt plus aux orteils et au sable. On se rechausse.

La mer elle-même se retire.

Le nez s’emplit de l’odeur du froid, de la mer et de la première fleur.

Le crachat de la mer n’est plus qu’un songe au loin. Le bleu du ciel s’abîme dans celui de la mer. Et du petit vent froid ne reste que le froid. Que le froid dans le sable, et que le froid de l’air.

L’homme rentre.

Les amoureux se pressent.

Et le jour qui s’éteint compte ses dernières minutes. La nuit déjà est prête. Ils sont méticuleux, égaux, absolument.

La mer qui s’en va prépare son grand retour.

Le chien est inlassable et il va et il vient.

Soir d’équinoxe.

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 15:57

Les tout petits matins écoutent un oiseau qui se risque au hasard, se lance et s’enhardit dans la fin de la nuit. Un soleil blanc et pâle perce la brume, bientôt il fait chaud. Un peu timide encore.

Un homme passe et respire. Déjà, il est plus jeune.

Dans une ville d’eau, on recommence à s’ennuyer dans la lente élégance des bancs verts repeints et des graviers qui crissent.

Au bout de sa laisse, la vieille dame flâne plus lentement et se prend à sourire, quoique timidement, quand son chien la promène.

Les étudiants s’embrassent debout sur les trottoirs et gênent le passage.

Les cris d’enfants se remettent à strier les fins d’après-midi dans la poussière du square.

Sous la douceur du jour, un bourgeon vert et tendre s’essaye à bourgeonner, mais quand le soir arrive, le poil se hérisse sur les avant-bras nus.

Et Monsieur et Madame se hâtent au logis, ils se serrent l’un à l’autre.

Les fenêtres bourgeoises face au jour qui se couche aveuglent le passant.

Le crépuscule abrupt a vidé les terrasses, et sur les tables seules, les verres de la journée sont bus et oubliés.

L’horizon est tranché par le ciel bleu et froid.

Une dernière soupe fume encore chez Monsieur et Madame.

La vieille dame pensive se penche sur la rambarde et tire son volet. A regret toutefois.

Un garçon aux yeux noirs tarde à rentrer chez lui. Il tente de faire durer et d’ignorer le soir. Les hirondelles ne sont pas là. Il les attend. Et le soir le rattrape. Et la nuit a saisi le garçon aux yeux noirs.

C’est incertain et frêle. Il a envie d’y croire. C’est un peu tôt encore.

Mars.

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18 février 2015 3 18 /02 /février /2015 21:04

En guise de décor un brouillard indécis

Une route qui fend une plaine maussade

Et le jour qui se lève sans se lever encore

Les griffes acérées des arbres de l’hiver

Février s’interroge.

Une aurore sans âme caresse les talus

Une flaque oubliée refuse de sécher

On grelote toujours dans le froid qui n’est plus

Février qui hésite.

Les oiseaux du printemps timides et téméraires

De l’air un peu plus doux parsèment le silence

Sans que pourtant aux cimes le blanc ait abdiqué

Février, février, qui ne veut pas trancher.

Et le givre et le gel mais les jours qui s’allongent

Ce matin on ne sait ce que dira la brume

Quand elle sera levée que sera aujourd’hui

Un chemin de sous-bois peuplé de feuilles tristes

Une prairie mouillée tremble sous la rosée

Février incertain que vas-tu faire de ça ?

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 22:24

Au-dessus de la mer vogue un marin de bleu

Et d’ombre.

De ses cheveux rêveurs s'envolent des amours

Qui tanguent.

De ses yeux noirs perdus dans l'horizon tremblant

Rayonne une lueur insondable et acide.

De la mer enchaînée, déchaîné le marin se libère

Et jure.

Un silence radieux sur le fil de la vague.

Un marin du Mexique, brun de peau noir de poil, élève ses ardeurs dans les embruns poisseux.

La mer est sa compagne, il la gifle et la prend.

De ses élans violents, il la laisse à elle-même.

Et il est plus fort qu'elle et plus beau et plus grand.

Le marin du Mexique a dompté l'Océan.

Il est le phare le roc qui affronte les eaux,

Marin rêveur et malheureux qui ne voit plus la mer,

Il triomphe, insatiable, et veut d'autres conquêtes.

Il est le ciel, il est la terre.

Et dans son poing serré, il écrase la peur.

Un marin téméraire, tendre et désespéré, tient en main l'océan. Dans ses bras il le serre et il le fait gémir. Il le fait sangloter, il le fait l'implorer.

Un marin aux yeux noirs caresse de ses doigts les poils de sa barbe.

Marin fragile et dur qui pleure et qui assène.

Sur la mer qu'il frôle d'un regard de rapace attentif et fiévreux,

Il vole.

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 20:15

Je ne veux pas savoir où commence la haine.

Je ne veux pas savoir que meurent les poètes.

J'ignorerai toujours le cri des gens qui tuent.

Je ne veux pas savoir le bruit des assassins.

J'avancerai toujours, la folie dans ma tête.

Je remuerai le ciel, je remuerai la terre.

Je ne pleurerai pas je ne sais pas le faire.

J'irai en souriant, saluerai les passants.

Je me tairai peut-être, las de trop de paroles.

Et je resterai coi je rirai de ce monde.

Je rirai de ce monde qu’y a-t-il d’autre à faire.

Je cueillerai des fleurs au plein cœur de l’hiver.

J’embrasserai les beaux, j’embrasserai les laids, j'embrasserai les cons, j’embrasserai les bons.

Je ne veux pas savoir ce que haïr veut dire.

Et je verrai la lune au ciel noir de Paris.

Je verrai les étoiles se lever une à une.

Je serai con béat c'est ce que je veux être.

Je serai fier de moi de ne savoir qu'écrire.

Et j’écrirai encore quand l'aube se lèvera.

Je verrai le soleil sur les toits de Paris.

Je penserai à ceux qui ne le verront plus

Encore dans l'encre noire planterai mon stylo.

Je haïrai la haine une éternelle fois.

Je ne croirai en rien jamais jamais jamais.

J'aurai le cœur en vrac mais il battra encore.

Je m'assiérai enfin sur le bord d'un trottoir.

Je lèverai les yeux sur tous les gens qui passent.

Je les verrai courir je les verrai aimer je les verrai haïr je les verrai crever.

Qu’ils soient bons qu’ils soient cons

Je serai l'un d'entre eux.

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