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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 18:28

Dans mon quartier, il y a des flics

Bleus.

Ils m'empêchent de traverser. Ils m'obligent à faire un détour pour aller boire

Mon café.

Il y a dans mon quartier des militaires

En vert-de-gris.

Portant des gros sacs sur le dos, des mitraillettes en bandoulière, ils m’empêchent de circuler

Sur le trottoir.

Dans mon quartier bleu vert et gris les gens continuent de vaquer

Pourtant.

Le soir bleu tombe sur la ville, le jour a rallongé un peu on dirait un jour de janvier.

Les arbres dans le square sont verts les arbres dans le square sont gris on dirait des arbres en hiver.

Et mon café a le même goût. Et les gens rient et parlent fort. Et comme d'habitude j'écris on dirait une fin d'après-midi.

Bien sûr la rue est bleu et vert-de-gris, je sais. Bien sûr dans cette rue on ne passe plus, je sais. Bien sûr sur ce trottoir on ne s'arrête pas, je sais.

Les flics sont bleus sur le trottoir. Et verts et gris les militaires.

On dirait un soir de janvier. De sapins morts sur le pavé, de galette et de bonne année.

Mais c'est un soir bleu vert et gris.

Qu'y faire.

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Published by herveig
28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 22:23

Ç’avait été un matin de Noël où il n’avait pas neigé. Le ciel, le climat et la joie des familles étaient restés atones. Le blanc n'était pas là pour souligner la fête. Par les fenêtres des maisons n'était entré qu'un ciel bas et laiteux, un ciel malade en somme. On sentait l'air humide et la grippe saisonnière. Et le plaisir du coin du feu, de la chaleur humaine, s'échouait lentement sur la douceur de l'air.

C'était un Noël en novembre. Un Noël de potirons et de soupe à l'oignon, de balades dans la boue et dans les feuilles mortes.

C'était un Noël de bruine et de pavés luisants. Les pulls étaient trop chauds, trop légères les chemises. On ne savait que faire avec ce Noël-là. C'était un Noël en imper, un Noël de Londres ou du bord de la mer.

Ce Noël atlantique contrariait l'Auvergne. Ce Noël de Toussaint contredisait décembre. La féerie sombrait dans ce Noël de bure.

Déjà venait le crépuscule. Le jour baissait qui ne s'était pas levé. Les grappes de promeneurs se hâtaient, ennuyés, de terminer le tour des flaques du quartier. Les enfants dans les chambres n'avaient pas eu le cœur à inventer d'histoires. Rêveusement, ils empilaient d'anciens mêmes jouets, pensant à autre chose, dans l'ombre grandissante de ce jour mort-né.

Les cadeaux du matin croupissaient au salon. On n'avait voulu croire à ce Noël de pluie. Sans conviction, on finissait la bûche et le champagne fade dans la vaisselle fine, en rêvant de châtaignes et d'un bol de cidre.

Noël avait passé, n'avait pas convaincu. On s'embrassait déjà aux portes des demeures.

On s'était retrouvé sur le trottoir mouillé, à entrouvrir la veste, à desserrer l'écharpe. On avait repensé aux Noëls glaciaux, aux Noëls de l'enfance, en haussant les épaules dans la tiédeur du soir.

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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 22:16

Je dirai ce pays où l’on ne peut pas vivre.

Je dirai ce pays où il n’y a plus de champs.

Je dirai ce pays recouvert

D’arbres noirs en été, d’arbres noirs en hiver.

Et je dirai ces arbres, ces hideux conifères, et leur tronc infini et leur bouquet chétif.

Je dirai ces sous-bois étouffant la montagne sous leur chape d’épine.

Je dirai l’abandon des villages en ruine.

Je dirai tout autant les beaux volets repeints des maisons rénovées, pimpantes et de bon goût, qu’on ouvre fin juillet, qu’on ferme début août.

Je dirai les sentiers escarpés qu’on gravit vainement, trouvant pour récompense un sommet aveuglé, assailli par les bois.

Je dirai parfois le fugace plaisir quand une coupe à blanc entre deux plantations vous donne à entrevoir, en même temps qu’un hameau, une idée du passé quand le coteau vivait.

Je dirai quand même l’amour de mon pays. Et même s’il est triste, et même s’il se meurt, c’est là que je suis né c’est là que j’ai grandi. Dans la plaine assiégée par ces forêts voraces vit pourtant une ville. Et même si elle vieillit et même si elle se vide, comme elle était immense quand moi j’étais petit.

Et je dirai aussi toute la mélancolie. Si ce mot a un sens, c’est là que je l’ai appris.

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Published by herveig
14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 00:52

Il y a là tous les Orients. Il y a là tous les possibles. Il y a là tous les mondes. Il y a là ce parfum obscur et immobile qui enivre et qui hante. Il y a là des malles et des soupentes sombres, où l’on pourrait se perdre si on allait y voir. Des toits qui craquent au vent et font peur aux enfants. Des planchers poussiéreux ; des poutres à araignées. Des araignées d’enfants grandes et magnifiques, tissant des toiles immenses où s’égarent les songes. Des songes féeriques auxquels on voudrait croire. Et le soleil dehors sur le toit du grenier.

Dans ce lieu ténébreux, cette insulte à juillet, deux enfants se regardent. Qui sans même parler s’inventent des rivages. Et les deux enfants règnent, se partagent le monde : « On dirait que l’Empereur, il faudrait que la guerre… ». Peu importe l’histoire, les enfants sont sérieux. Sérieux et mystérieux comme les héros des livres qu'on n'ose pas ouvrir.

Il n’y a plus de toit, il n’y a plus d’été. Il n’y a plus qu’eux deux et leurs mondes changeants dont ils sont convaincus. Deux enfants qui oublient et deux enfants qui partent. Méticuleusement dans leur création vaine. Parfois dans leur silence, les deux enfants s’affrontent. L’un veut tuer l’Empereur, l’autre refuse la guerre. Alors deux regards noirs qui se froncent et jubilent, se cherchent et se retrouvent en un nouveau combat.

Et l’araignée tricote imperturbablement. La poussière se suspend à un rai de soleil. Les tuiles sont brûlantes et deux enfants sérieux, deux rois en leur grenier, intarissablement, débattent une chimère.

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 18:42

Je suis un fou glacé, un dément silencieux. Je torture les mots et les mots me dévorent. Je suis un isolé, je suis un misanthrope. Ne venez pas me voir, laissez-moi m'éloigner. Car je suis loin déjà et ne vous entends plus. Car je marche à pas lents vers un espoir déçu. Et je cherche un sourire et je tourne le dos. Je suis insupportable et je suis attachant.

Et je ne suis personne et je suis tout le monde. Je ne vous connais pas, j'attends à votre porte. Chien perdu, caressez-moi. Chien errant je vous mordrai. Je suis la nuit de novembre et le soleil de mai. Ayez peur, aimez-moi, soyez tout à la fois. Je vous attends, je vous désire. Je vous fuis ventre à terre.

Je suis un homme, je ne suis rien. Je suis quelqu'un. Je suis celui dont vous ne parlez pas.

Je disparais, je me tais, j'abandonne le jeu. Le jeu n'est pas un jeu, vous me voyez partir. Je retourne chez moi. Je me fonds dans vos rêves, m'éteins dans vos délires. Vous m'avez oublié.

Je vous vois d'où je suis. Je vous vois tout petits.

Vous avez disparu.

Je n'ai été qu'un songe, qu'un mirage qu'un leurre.

Vous ne fûtes qu'un trait au revers de ma plume.

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Published by herveig
5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 23:03

Le voyage en Cévenol commence par l'idée qu'on s'en fait. Je suis en train de partir. Même si je suis à prendre mon café, dans le café que je connais bien, dans mon Clermont. Il fait beau. Cinq heures de train en perspective. À la conquête du Sud.

Je dois y aller. Le service de midi commence. Et mon train est dans trois quarts d'heure.

Début de vacances. Clermont. Point de départ Nord.

***

Quelque part entre Langeac et Langogne, le temps ne finit pas. Ce train est un survivant qui n'avance pas. Un reliquat qui traverse les gorges de l'Allier de tunnel en viaduc au pas de la mule. Méticuleusement. En faisant attention. Un tunnel. Des rochers abrupts. L'Allier qui creuse son lit comme le train suit ses rails. Un tunnel. J'écris plus vite que le train n'avance. C'est un voyage irréel entre deux mondes. Comme si maintenant le monde que je traverse n'existait pas. Monde oublié. Laissé au XIXe siècle et dont le XXIe ne sait que faire. Tout est désaffecté autour de la voie. Il n'y a personne dans le train. La SNCF n'a pas envie qu'il y ait qui que ce soit d'ailleurs. Elle veut fermer la ligne. La vitesse du train le dit.

J'ai l'impression d'avoir de la chance ! D'être un passager perdu dans l'espace-temps d'un voyage qui ne finira pas.

Clermont a disparu. Montpellier n'existe pas. Je suis entre. Les villages sont entre. On ne le verrait pas on ne le croirait pas.

On entre en gare de Chapeauroux que déjà on en sort. Chapeauroux est entre. A commencé à mourir sans finir de vivre. Comme tout autour de cette ligne.

Et on n'en finit pas de ralentir. Est-ce possible de ralentir tant sans s'arrêter pourtant ?

À gauche une route vide et l'Allier qui s'en fout. Un tunnel. Et à nouveau l'Allier entre les piles d'un pont qui, lui, a disparu. Et la route prend de la hauteur, vide. Un homme qui courrait arriverait sans doute à Langogne avant nous. Suis-je en 2014 ? Serai-je à Montpellier ce soir ?

Pour l’heure, mon train vide et lent et moi remontons l'Allier. Qui se fait de plus en plus petit. Et un tunnel. Dans ce train on renonce au temps. Dans ce train on est incrédule. Dans ce train inlassable on prend ce qui vient. Tunnel. Tunnel. Un court. Un long.

Les gorges s’ensauvagent encore si cela est possible. Tunnel.

Un château ruiné que j'aperçois. Le temps devient plus gris plus je quitte l'Auvergne. Une gare sans nom. Les fenêtres béantes qui ouvrent sur le ciel du château sans mur.

Mais que faire de toute cette France qui ne sert plus à rien. Même la nature ne semble pas intéressée. Arbres étiques perclus de lichen, qui ne veulent pas grandir et se tordent. Rochers partout, où rien ne pousse sauf une mousse par charité parfois.

Tunnel.

Et le ta-tac du train lent si lent qu'on croirait entrer en gare depuis plus de deux heures. Tunnel.

Des étendues pelées marquent-elle la fin des gorges et l'entrée dans le sud ? Dans un autre désert. D'une autre nature.

Les tuiles aux maisons semblent plus provençales. Tunnel.

Les gorges s'élargissent et on respire un peu. L'Allier est moins brouillon.

Langogne se profile. Petite ville mais ville quand même. Tunnel. Le train est reparti. Il file comme un relatif bolide. La vallée devient une plainette. Une voie ferroviaire certes désaffectée se joint à la nôtre. Et des maisons habitées et même des entrepôts.

On revient à la vie. La gare de Langogne fait une pause dans mon rêve.

***

Plateaux de la Lozère. De la brume. Ce train traverse des mondes morts. Après Langogne c'est une autre mort qui nous enveloppe, moins sévère et moins dure qu'à la fin de l'Auvergne. Une mort paisible et mélancolique.

La Bastide au milieu de nulle part et l'on y croise l'autre grand train du jour. Le Nîmes-Clermont qui va vers le nord. Croisement irréel.

Quelques Mendois montent. Les gens du Sud vont vers leurs capitales. Le train de Clermont a quitté la gare, celui de Nîmes où je suis est resté seul au monde. Arriverai-je à Nîmes ? Ou resterai-je éternellement dans ce brouillard sans fin qui vous endort en un éternel matin de Noël où il n'a pas neigé.

Le train s'ébranle. Et je comprends un peu ce que doivent être ces villes d'Australie où il n'y a rien d'autre qu'une pompe à essence et un bureau de poste.

L'ancien monde qui meurt fait penser au désert.

J'ai peine à croire l'allure du train dans ce tunnel. Saisi d'une vigueur nouvelle peut-être en a-t-il assez et veut-il en finir de ce monde entre deux.

Mais c'est qu'il y a maintenant les Cévennes et de nouveau le parcours s'escarpe. Et de nouveau voici la route vide.

Et le ciel bas dans le soir commençant.

***

La Grand-Combe. Fin des Cévennes. Début du vrai Sud ? Le Cévenol est un Transsibérien. Un petit Transsibérien intra-français. On se sent devenir autre le temps du voyage. Quand je vais arriver à Montpellier je me serai déparé de l'Auvergne et serai prêt pour ailleurs.

J'ai fait mon voyage en diligence. Un voyage comme on n'en fait plus. Que n'ai-je pris le TGV, que n'ai-je trouvé une voiture ?

La réponse est là, sur ces lignes, dans ce cahier. Dans mes pieds nus sur le siège d'en face, dans ces quatre sièges que j'occupe tout seul. Dans ce livre sur le siège d'en face, dans mon sac en diagonale, dans ma trousse sur le siège à côté. Dans les paysages que j'ai le temps de regarder par la fenêtre, dans ce paysage que je sens défiler à la vitesse de la lenteur du train. Dans ce ta-tac que j'ai le temps de mesurer, dans la nuit qui commence à tomber et dans ces quarante-cinq minutes qui, encore, me séparent de Nîmes.

***

J’ai fait un voyage.

J'ai fait un voyage.

Je me sens romantique le nez à la fenêtre du wagon. Je me sens à ma place et utile dans ce train qui ne sert à rien. Dans ce train Corail à l'heure du TGV mon enfance revit. Dans ce train 1900 qui roule en 2010, je trouve comme la preuve que l'absurde n'est pas que l’obsession de mon cerveau anxieux : il roule sur des rails et m'emmène en vacances.

Les lampadaires dehors sont allumés. Alès s'annonce avec la nuit. On est sorti de l'entre-deux.

On y a mis le temps.

Terre ! Terre !

Et je découvre une Amérique.

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24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 20:13

La plage de cigarettes s'éternue sous la boule. Pas de subprime aujourd'hui. L'air est immobile et vasculaire. Pourtant l'abribus plantureux gît sur les colombes encore et encore. Le petit goître à pas menus tricote sa petite maréchaussée dans le sable décédé de flocons d'avoine. Mercredi encore, il n'y avait que des rouleaux et des coptes. Maintenant c'est jaunisse. Tous les bouleaux argentés ont été soigneusement rencontrés. Et ils abaissent leurs catapultes vers les vannes. La patinette opaline s'épanouit face à l'infini canard. Elle agence son latéral millimétré sur le manche vanillé. Un parmentier sur le stylo, elle inféconde ses avanies avec délicatesse. Et elle recycle, elle tangue, elle évoque. L'économe acéré abrutit le morceau. Il signe l'étourdie en la miellant un peu. Puis il la ravale et la coopère. Elle s'amenuise et se prépose. La tulipe, au fond, brasse les vénéneux dans un bruit rouge et jaune pâle.

Le parasol est planté dans le sable et le dimanche a déjà vacciné. Il faut préconiser. Ils se pressentent et contribuent encore un peu. La pile est juste ce soir, infiniment.

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 00:31

Un marin portant costume, ça ne se voit pas.

La plage était silencieuse sous le soleil comme si elle n'existait pas. Un oiseau-lyre refusait de survoler la mer. Un port absent, trop loin, aux navires clapotants que l'on n’entendait pas. La musique d'un piano et d'une fenêtre ouverte et la journée disparaissait dans l'ennui. Un marin s’était adossé à un grand mur blanc.

Une guimauve à la plage était une idée idiote par quarante degrés. Pourquoi être ici. Les bateaux tiraient sur leurs amarres à marée descendante. Un marin voyageait en secret sur des bateaux-fantômes.

Un marin revenait d’un Sud imaginaire. Un point d’interrogation à l’envers, crochu comme une clé de sol, envahissait sa tête. Les vagues sur le rivage cliquetaient les galets.

Un marin avait trop serré le nœud de sa cravate et suait. Un chien en laisse avait une longueur d'avance et le soir n'était pas encore là. Un marin aux yeux noirs avait pris l’escalier.

Un marin étouffait. Un marin montait un cheval dans les rêves de sa chambre d'hôtel. Ça ne pouvait pas exister. En selle, sur son lit, un marin lançait un lasso.

Retenez le marin. Attachez le marin. Serrez-le fort dans vos bras. Empêchez-le.

Un échafaud dans une chambre d'hôtel.

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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 15:29

Un jour tu vis,
Un jour tu nies,
Et toujours,
Tu détruis.

Tu penses,
Tu balances,
Et jamais,
Tu n'avances.

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 14:34

Le fleuve gronde, dur et métallique, le ciel blanc pèse sur moi. Je suis partout, je suis ici, et l’air est mouillé sans qu'il ne pleuve. Assis sur le parapet, mes doigts sous mes cuisses, écrasés sur la pierre froide et rugueuse.

Le vent s’acharne et sent la pluie qui tombe ailleurs. Les oiseaux se taisent et les voitures sur les quais klaxonnent en silence. Il fait clair sans faire jour. La lumière est une menace. Les feuilles des arbres crépitent sous la brise aiguë qui les traverse.

Un tronc charrié par le fleuve disparaît sous le pont. L’eau est grise, l’eau est brune, et se rue vers l’aval.

La ville attend et ne peut rien y faire. Mes mains sous mes cuisses épousent les creux de pierre.

Les gens qui passent derrière moi n’existent pas. Le trolleybus sur le pont est un mirage. Il va pleuvoir mais il ne pleut pas.

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